La quête du perfectionnement comme voie spirituelle

'' Dans l’Hagakure, le livre secret des samouraïs, issu d’une tradition orale transcrite au dix-septième siècle, il est dit qu’un « samouraï doit être constamment animé de la pensée suivante : sur tel ou tel point, je suis encore loin de la perfection et consacrer sa vie entière au perfectionnement, en recherchant assidûment la voie véritable ». La rechercher jusqu’à son intégration parfaite, comme pour Miyamoto Musachi qui continuait de se forger matin et soir, l’approfondissant, jusqu’à ce qu’elle s’unifie d’elle-même avec lui, alors qu’il était dans la cinquantaine.

Cette recherche, cette progression vers la perfection demande de la discipline et le samouraï, même s’il atteint le plus haut niveau d’unification de son être avec son art, ne peut, tel qu’on peut le lire dans l’Hagakure, être entièrement satisfait de ce qu’il accomplit : « Il doit connaître ses faiblesses et passer sa vie à les corriger sans jamais avoir le sentiment d’en faire suffisamment. » 

Si dans les arts martiaux il est nécessaire de pratiquer jusqu’à parvenir à maturité, sans relâchement, gravissant les marches de la connaissance au fur et à mesure, tout en sachant ne jamais pouvoir atteindre la connaissance absolue, en est-il autrement en affaires pour réussir ?

Même s’il y a toujours à apprendre et à améliorer, les pratiquants d’arts martiaux reviennent constamment aux techniques de base pour consolider les fondations sur lesquelles s’appuyer afin de progresser. Cultivant ainsi l’humilité et l’état d’esprit du débutant qui désire toujours en découvrir davantage pour se perfectionner, tout en se soumettant à la critique et à l’opinion d’autrui. Ce qui fait d’eux « des gens supérieurs à la plupart », car ceux qui « tentent de se perfectionner en se fiant à leur seule faculté d’appréciation » n’obtiennent que très peu de progrès significatifs. Se perfectionner c’est aussi se surpasser soi-même comme le soulignait Yagyu, le maître de la Voie du Sabre auprès du Shogun Tokugawa : « Je ne sais pas comment surpasser les autres. Tout ce que je sais, c’est comment me surpasser… Je suis aujourd’hui meilleur qu’hier, demain je serai encore supérieur.»

Le livre : L'entrepreneur ... samouraï, ninja ou zen

Le lien avec l'entrepreneuriat ...

L’Hagakure, ce recueil de pensées et d’enseignements des samouraïs, nous rappelle qu’un guerrier véritable ne cesse jamais d’apprendre, d’affiner ses compétences et de rechercher la voie avec discipline et humilité. Cette philosophie, profondément ancrée dans la tradition martiale, trouve un écho puissant dans l’entrepreneuriat, où la réussite ne repose pas sur des victoires ponctuelles, mais sur un engagement à progresser continuellement.

Le samouraï consacre sa vie à l’unification de son être avec son art, intégrant chaque geste, chaque stratégie, chaque réflexion jusqu’à ce que la maîtrise devienne instinctive. Il en est de même pour l’entrepreneur. Le leadership, la gestion d’entreprise, la prise de décision stratégique ne sont pas des talents innés, mais des compétences qui se travaillent, se peaufinent et se renforcent à force de pratique et d’engagement. Comme Miyamoto Musashi, qui forgeait son art jusqu’à la cinquantaine et au-delà, l’entrepreneur doit adopter une posture de perfectionnement constant, ne considérant jamais qu’il a atteint un sommet définitif.

Dans les arts martiaux, la progression est fondée sur un retour incessant aux fondations. Avant d’exécuter des techniques avancées, le pratiquant revient aux mouvements de base, les affine, les renforce. De la même manière, un entrepreneur ne doit jamais oublier les principes fondamentaux de son domaine : la compréhension du marché, la gestion des ressources, l’écoute de son équipe, l’adaptation aux nouvelles réalités. Trop souvent, on cherche des raccourcis, des stratégies instantanées, sans comprendre que la vraie réussite repose sur la solidité des bases.

L’état d’esprit du débutant est un autre principe essentiel du samouraï qui s’applique parfaitement à l’entrepreneuriat. Adopter cette mentalité, c’est accepter de ne jamais tout savoir, de rester curieux, d’être toujours prêt à apprendre. Un entrepreneur qui croit tout maîtriser se condamne à stagner. Ceux qui, au contraire, cultivent une attitude de questionnement et d’apprentissage permanent développent une capacité d’adaptation qui les rend bien plus résilients face aux crises et aux changements.

Mais cette quête d’amélioration ne peut pas être solitaire. L’Hagakure insiste sur l’importance de la critique constructive et de l’opinion des autres. Seul, il est difficile de percevoir ses propres failles. Un entrepreneur qui s’entoure de coachs et mentors, qui écoute ses collaborateurs, qui accepte les retours de ses clients avec humilité, progresse plus rapidement et de manière plus solide. Ceux qui « tentent de se perfectionner en se fiant à leur seule faculté d’appréciation » risquent de s’enfermer dans des certitudes trompeuses et de rater des opportunités de croissance.

Enfin, l’une des leçons les plus puissantes du texte repose sur la notion de dépassement de soi. Yagyu, maître de la Voie du Sabre, déclarait : « Je ne sais pas comment surpasser les autres. Tout ce que je sais, c’est comment me surpasser… Je suis aujourd’hui meilleur qu’hier, demain je serai encore supérieur. » Cette approche est la clé d’un entrepreneuriat sain et durable. La véritable compétition n’est pas avec les autres entreprises, ni avec le marché, mais avec soi-même. Chaque jour est une opportunité d’être plus efficace, plus perspicace, plus aligné avec sa mission.

L’entrepreneuriat, à l’image du chemin du samouraï, est une voie exigeante qui demande discipline, humilité et persévérance. Ceux qui s’y engagent avec sincérité ne cherchent pas à atteindre une destination finale, mais à évoluer sans cesse, en alignant leur vision intérieure avec leurs actions. Cultiver l’esprit du guerrier dans le monde des affaires, c’est comprendre que le succès ne se mesure pas uniquement en chiffres, mais en croissance personnelle, en impact positif et en quête de maîtrise.

C’est dans cet état d’esprit que l’entrepreneur, tout comme le samouraï, peut avancer avec force, clarté et résilience, en faisant de chaque jour une opportunité de se perfectionner.

Le livre : www.lentrepreneurial.com/livres